Départ en urgence pour
Athènes le lundi soir. On arrive sur place vers 1 h du mat, on traverse la ville qui est en feu. Poubelles, voitures brûlent, les vitrines de magasins sont
explosées. On tourne une partie de la nuit. L'ambiance est
très tendue. Les manifestants sont regroupés vers le musée. Les
CRS quadrillent la zone. Le lendemain, on décide d'aller tourner à l'école Polytechnique, haut lieu de la contestation étudiante, c'est ici qu'était parti le mouvement qui avait abouti à la chute des colonels en 1973. Le quartier est ravagé. On nous averti du danger de se promener avec une caméra, car il y a des anarchistes violents
parmi les contestataires. Des journalistes se sont fait cognés plus tôt dans la journée. On tourne devant la grille de la
fac. Je reste au volant, moteur allumé au cas ou, pendant que Thierry tourne. Un mec
cagoulé sort et vient vers nous, il se met devant la voiture m'empêchant d'avancer. Une groupe de 10 mecs
cagoulés sortent et sont agressifs, je demande a Claude et a Thierry de sauter vite dans la
bagnole. Je donne 2 ou 3 coups
d'accélérateur pour forcer l'autre a se pousser. Je n'ai pas envie de le renverser. Les gars commencent a entourer la voiture et à donner des coups de pied dans les vitres. Je passe la
première et
démarre en trombe...
On s'est fait un peu peur, mais bon on a fait quelques plans, suffisant pour le sujet...Dans
l'après midi, on tourne
près du
cimetière ou est enterré un des jeunes tué par un policier quelques jours avant.
L'atmosphère est aussi pesante, des hommes
viennent vers nous, on décide de quitter les lieux et d aller tourner la grande
manifestation qui rassemble syndicats et étudiants. La situation est moins grave que le lundi, mais des confrontations ont lieu. Jet de pierres, cocktail
molotovs... Jeunes font face aux
CRS. Une société sclérosée, une jeunesse qu'on nomme "les 700 euros" car ils sont
diplômes et travaillent avec des salaires de misère. Aucune issue sociale, aucune
perspective de la jeunesse, beaucoup sont aux chômage. Et il existe aussi un ras le bol des pouvoirs qui se
succèdent depuis plus de 20 ans, un pouvoir dont les dirigeants sont des affairistes, la corruption est ancrée au plus profond de la société
grecque.
Sinon, super ambiance dans l'équipe, ça a fait du bien de refaire un peu de
news chaud, ça faisait un moment...On se disait
qu' on aimait vraiment faire du reportage sur le terrain plutôt que de rester a paris et bosser avec des
evn!
Mais avec ce que prépare
Sarko 1
er sur la télé publique, on sait pas trop si demain on continuera a avoir les moyens de faire du reportage et de couvrir les évènements a venir....
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