mercredi 9 février 2011

EGYPTE



A peine rentré de Tunisie, me voilà reparti pour l'Egypte après un petit crochet par le Liban. Suis je l'homme des Révolutions? Héhé....En tout cas cette mission restera à jamais ancrée dans ma mémoire. D'abord, j'ai eu l'impression une nouvelle fois de vivre un moment d'Histoire, mais surtout parce que cette mission s'est révélée difficile dans le travail des journalistes. A partir du mercredi, l'atmosphère a changé, les médias  sont devenus la cible des sbires de Moubarak et de certains de ses partisans. Etrange sensation de devenir une cible. Le matin de ce mercredi, nous partons avec Loic pour tourner dans un quartier populaire. L'ambiance est tendue, nous discutons avec des habitants du quartier. Soudain, un homme passe et commence à retourner la foule contre nous. On se fait bousculer et je me fais casser la caméra. Heureusement pour nous, nous parvenons à nous échapper. L’après midi, nous tournons autour de la place Tahrir, emblème de cette "révolution" (en est ce vraiment une?). Sur la place des milliers de manifestants anti-Moubarak. Soudain, un millier de personnes pro Moubarak surgie et attaque avec des pierres, des sabres,etc....Ils s'attaquent aussi à tout ce qui est occidental. On a l'impression que tout est organisé par le régime, volontairement, il faut semer la peur et la terreur. On tourne mais on sent que ça devient chaud pour les médias de sortir une caméra, on arrive à tourner avec un I phone. Depuis le matin, la télévision égyptienne véhicule des messages qui parlent des journalistes comme des agents extérieurs, espions à la solde des états unis...Chaud, chaud ....
Dans l'après midi, j'appelle l'autre équipe de France 2 qui était parti le matin pour tourner un sujet à Suez. Ils sont sur le retour, à 30 mn du Caire. Je tombe sur mon pote Nico au plus mauvais moment. Ils sont poursuivis par la foule, Nico hurle me parle de sens et me demande de prévenir vite Paris, ça raccroche! L'angoisse commence, à ce moment on ne sait pas ce qui se passe. Paris est prévenu et contacte le quai d'Orsay. En fait, l'équipe s'est fait braquée par des criminels libérés volontairement par le Régime. Les armes sont pointées sur eux. La voiture arrive à un barrage tenu par un comité de quartier (les habitants défendent eux même leur quartier ). La voiture conduite par des truands force les barrages, le véhicule renverse des gens au passage, une personne est gravement blessée. La foule surexcitée se jette sur la voiture. Nicolas, Renaud et Tristan sont frappés. Nicolas reçoit un coup de sabre sur la tête,  entaille de quelques cm sur le crêne. Ils parviennent à s'échapper pour se réfugier dans un immeuble. Ils tombent sur une bande qui les détrousse et les frappe de nouveau. Ils se réfugient dans l'appartement d'un médecin égyptien, on parvient à les localiser. Tout ça remonte jusqu' a l'Elysée apparement.....L'armée égyptienne est envoyée sur place pour les ex-filtrer de la zone. Ils sont rapatriés vers un hôpital militaire. Ils l'ont échappé belle, pas de blessure trop grave, mais un choc psychologique fort.
De mon côte, nous sommes à l'hôtel ce jeudi et dehors voilà 2 jours que pro et anti-Moubarak se battent violemment, l'armée laisse faire.....Parfois elle tire, je vois des mecs se faire descendre devant ma fenêtre. Sortir devient impossible. On a peur que la foule investisse l'hotel pour se faire les "journalistes". On demande de l'aide à Paris. j'entends dire que le président Sarkozy contacte Moubarak directement. En 15 mn des militaires viennent prendre position devant l'hôtel pour sécuriser la zone. Le lendemain on évacue l'hôtel pour le Sofitel un peu plus éloigné, un peu plus sûr (hum!). Apres 12 jours, dernière épreuve, regagner l'aéroport sans encombre. On part tôt et tout se passe bien. Sur cette mission, je ne connais pas un média qui n'ai pas connu un problème, équipe France 2 attaquée, RMC BFM un gars prend un coup de couteau, l'équipe TF1 disparaît pendant 24h, France 24, l'équipe est tabassé pendant 24 h par la police secrète du régime, sans parler des journalistes frappés ou bousculés, les médias du monde entier deviennent des cibles pendant ces 48 h, comme si tout cela avait parfaitement été orchestré, le contrôle des masses par le régime. Bref, bien content quand même de rentrer à Paris pour ma dernière mission "chaude" :)...

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